Voici l’interview de Paul Boulanger, réalisée le dix décembre 2015, à deux jours de la fin de la fameuse 21è Conférence des Parties sur le Climat parisienne (COP 21). Cette interview appartient à un cycle qui concerne une manière de se nourrir peu coûteuse, proche de la terre, qui lutte contre le gaspillage alimentaire et le gaspillage des ressources1.
Bonjour Paul, comment vas-tu ?
Bien [sourire ; Paul sourit beaucoup : ce doit être le secret de son bon pain]
Peux-tu te présenter rapidemment, s’il te plaît ?
Je m’appelle Paul, et je fais du pain depuis quatre, cinq ans, en itinérant, sur pas mal de manifestations sociales ou écologiques.
Je suis venu à Paris pour fournir en pain les diverses cantines2 qui se sont déplacées pour nourrir les personnes qui se sont mobilisées dans le cadre de la COP 21.
Aujourd’hui 10 décembre3, cela fait combien de temps que tu es à Paris ?
Bientôt deux semaines !
As tu déjà travaillé de manière traditionnelle, dans une boutique ?
Non, j’ai simplement appris mon métier auprès de boulangers bio qui travaillaient au levain, avec, certes, un peu plus de machines que moi.
Quelle a été ta première action militante, dans le cadre de la boulange ?
Le camp climat, au Havre, à l’été 2010.
Peux-tu nous en dire plus sur ce Camp Climat ?
C’était le deuxième, et dernier4, camp climat5qui a eu lieu en France. Le thème en était les raffineries pétrolières : c’est pour cette raison qu’il a eu lieu en bordure du port du Havre6.
C’était un camp autogéré, avec des ateliers, des débats, des conférences, des AG, des actions. Nous devions être aux alentours de trois cents personnes.
Par qui était-ce organisé ?
Par un collectif d’individus, par des personnes issues du milieu milieu militant, de l’Ouest de la France, notamment.
C’était une rencontre franco-française, alors ?
Non, pas du tout7 : par exemple des personnes d’un Bike Tour européen
Quels genres d’action avez-vous réalisés dans le cadre de ce Camp Climat ?
De mon côté, du pain !
Il y a eu au moins une Vélorution8.
Il y a eu le blocage d’un site industriel lié àl’agro-alimentaire9.
L’action de masse concernant la raffinerie Total a eu lieu un ou deux mois après10.
Etais-tu présent lors de cette action de masse ?
Non, bien qu’ils aient mangé mon pain !
Comment vis-tu le reste du temps, quand tu ne boulanges pas auprès des actions militantes ?
Je fais des marchés, je vais dans des festivals.
Ca m’arrive de travailler en saison sur des remplacements de paysans, paysannes boulangères.
Qui sont les paysannes, et paysans, boulangers ?
Ce sont des paysans qui transforment une partie de leur production céréalière en pain, pour la vente à la ferme. Dans la plupart des cas, ils travaillent sans machines, éventuellement avec un pétrin11 électrique. C’est une panification à l’ancienne12.
Leurs produits sont donc destinés à la vente ?
Oui. Ce sont des circuits courts. Le but est de transformer le produit agricole en produit prêt à consommer.
Les paysans boulangers sont généralement équipés d’un moulin pour la farine, ou alors il la font moudre.
Comment te fais-tu connaître ?
Par le bouche-à-oreille, essentiellement.
Lorsqu’il y a des employeurs qui peuvent m’intéresser, ou des endroits où j’ai envie de faire du pain, je les contacte directement si eux ne me contactent pas en premier.
Revenons à ton action militante : le premier camp militant auquel tu as participé est au Havre. Peux-tu donner d’autres exemples ?
J’ai fait du pain sur des camps No Borders, sur des camps anti-nucléaire, sur des Camps Climat, notamment en Allemagne, depuis qu’il n’y en a plus en France. Aux Pays-Bas aussi, sur des thématiques agricoles13. Sur la ZAD de Notre Dame des Landes.
J’ai fait du pain pour les AG des Faucheurs Volontaires14.