Bonjour, je m’appelle Régina Mathiszig. Je suis architecte, et baubiologue. Je suis née en 1961, dans le nord de l’Allemagne,entre Hambourg et Brême. Je suis installée en France depuis 1999.
Est ce que tu te considères comme une professionnelle de l’économie sociale et solidaire ?
Oui, car cela fait trois ans que je suis chez Alter-Bâtir, une Coopérative d’Activités et d’Emploi1. Ce n’est pas seulement une structure avec une organisation très particulière, parce qu’on est entrepreneur et salarié en même temps, mais également un état d’esprit : ne pas se considérer mutuellement comme des concurrents, s’entraider en se donnant des pistes, s’informer des formations intéressantes ou des chantiers à prendre ou à visiter. A Alter-Bâtir, on travaille pour son propre compte en étant salarié de la coopérative : le paiement de nos factures arrive directement sur le compte de la structure, qui les transforment en salaire après déduction des charges et une contribution de 10 % du chiffre d’affaires pour couvrir les frais de fonctionnement d’Alter Bâtir, la location du local, et les salaires de l’équipe permanente.
Parcours avant d’arriver à l’écoconception et à la construction écologique
A l’Ecole des Beaux Arts de Berlin, où j’ai fait mes études d’architecture, priorité était donnée à la conception. J’en suis particulièrement heureuse aujourd’hui, parce que c’est grâce à cet enseignement, et grâce à quelques rencontres de personnes importantes lors de mon cursus au sein de cette école, que j’ai pu développer une ouverture d’esprit et une approche interdisciplinaire de l’architecture. Pour un projet d’étude d’une école primaire en Tanzanie, nous avons bénéficié d’un cours en ethnologie, par exemple, afin de mieux comprendre la culture et l’architecture traditionnelles de cette région, avant d’y aller et de faire des propositions de nos idées de conception d’une école.
Vous apprenait-on à respecter l’environnement, dans le sens d’espace naturel, de nature ?
Ce n’était pas un sujet pendant mes études.
A titre personnel, la question de l’écologie, de la préservation des écosystèmes, était importante pour moi de façon très naturelle. J’ai grandi à la campagne en contact étroit avec la nature. Le respect et l’amour pour les animaux et les plantes sont ancrés en moi parce que c’était mon environnement proche durant mon enfance. Puis, avant de quitter la campagne et de commencer les études à Berlin, j’avais l’idée de vivre en autarcie, qui me semblait la solution écologiste par excellence.
Au début de mes études en architecture, j’étais abonnée au magazine allemand des Baubiologues2, Wohnung Und Gesundheit, Habitat et Santé, en français. Progressivement, je me suis rendue compte que ce n’était pas à l’ordre du jour de l’enseignement à l’Ecole des Beaux-Arts, et qu’il y avait d’autres préoccupations, importantes, en architecture. Au bout de deux ans, j’ai interrompu mon abonnement.
De plus, j’étais engagée dans un projet d’habitat participatif, sur le chantier duquel je travaillais, souvent le week-end. Chacun des adhérents au projet, qui a duré cinq ans, s’engageait à consacrer 1 000 heures à ce dernier. Ceci m’a permis d’acquérir non seulement des connaissances pratiques en maçonnerie, en électricité et en menuiserie, mais aussi en psychologie et en communication, lors des soirées remplies de longues discussions afin de prendre des décisions communes, qui étaient acceptées par tous, sans exception. Nous nous étions organisés de façon très démocratiques : il y avait droit de « véto », donc les décisions n’étaient pas prises à la majorité, mais à l’unanimité. Et il y a eu beaucoup de décisions à prendre lors de ce projet d’habitat participatif. C’était une expérience très enrichissante, tant au niveau personnel que professionnel.
J’ai achevé mes études juste après la chute du mur de Berlin3,en 1989, une aubaine, notamment du point de vue de l’architecture (sourire) : beaucoup de chantiers de réhabilitation et de rénovation s’ouvraient. J’ai commencé à travailler dans ma ville universitaire, sur des projets qui se trouvaient dans la même ville, mais dans la partie inconnue de l’Est, l’ex-RDA, que j’avais visitée seulement deux fois avant la chute du mur.
Qu’est ce qui t’a sensibilisée à l’écologie ?
Il y a eu cet accident à la centrale nucléaire de Harrisburg, en Pensylvanie, le 28 mars 1979, plus connu sous le nom de l’accident nucléaire de Three Mile Island. J’avais dix-huit ans, à peine. Cet accident a alerté l’opinion public à l’échelle mondiale sur les dangers de la technologie liée à l’énergie nucléaire. L’accident a été classé au niveau 5 sur l’échelle mondiale de dangerosité des accidents nucléaires, qui compte 7 échelons4.
J’ai été fortement influencé par cet événement, j’ai commencé à m’informer sur le fonctionnement des centrales nucléaires, sur leur localisation, dans mon pays, notamment. J’ai adhéré à une association anti-nucléaire, je vendais des brochures pour le compte de l’association, mais, quand j’ai déménagé à Berlin, je n’ai pas poursuivi cette activité.
Peux-tu rappeler ce qu’est la Baubiologie ?
La baubiologie est un précurseur des idées de l’écologie en construction. L’idée a émergé au sein d’un groupe interdisciplinaire : des médecins, des architectes, des charpentiers, autrichiens et allemands. Ce groupe était intéressé par le développement d’idées, d’initiatives, afin d’éviter l’utilisation de matériaux nocifs, afin de créer un microcosme sans nuisances.
Accordes-tu toujours aujourd’hui une grande importance à la Baubiologie ?
Oui, et, d’ailleurs, je suis depuis 2013 certifiée en Baubiologie de l’école de Neubeuern, ou IBN. L’Ecole de Baubiologie de Neubeuern a essaimé : on trouve des écoles affiliées à l’IBN tout autour du monde de nos jours : en France, en Espagne, en Australie, au Canada, en Angleterre, aux Etats-Unis.
Est-ce que tu penses qu’en France la Baubiologie est prise au sérieux ?
En France, on parle plus volontiers d’écoconstruction que de Baubiologie : les objectifs visés restent les mêmes, soit le respect de l’environnement naturel, et celui de la santé des gens. Et je pense que ces objectifs sont pris au sérieux en France, mais semblent difficilement accessibles, pour des raisons diverses et multiples. Je trouve qu’il manque une vraie volonté, une détermination, pour changer les habitudes vers un comportement plus respectueux. Est-ce par crainte d’être obligé de se restreindre ? C’est certainement inconfortable d’intégrer ce paramètre dans la prise de décisions – et le mauvais choix est si facile : prendre l’avion est plus rapide et souvent moins cher que le train. On préfère ignorer que c’est de loin le moyen de transport le plus polluant ! Pourtant, ça devrait être le contraire : le train devrait être subventionné pour permettre une baisse de prix, et l’avion devrait augmenter ses prix 10 fois pour inclure l’impact environnemental.
Saurais-tu expliquer pourquoi il semblerait que les idées écologistes aient mieux prises en Allemagne qu’en France ?5
C’est lié au mouvement anti-nucléaire selon moi, et, peut-être, à une influence plus importante des mouvements pour la paix dans l’atmosphère des années 68. L’influence des Etats-Unis était plus importante en Allemagne qu’en France. Puis, il y a aussi le climat qui est certainement plus rude, au moins au nord, et qui impose d’autres comportements, plus pratiques et réfléchis.
Peut-être les anti-nucléaires allemands ont-ils été plus entreprenants auprès des autorités6.
En France, la confiance dans les autorités nucléaires devait être plus grande qu’en Allemagne7 ; en Allemagne, les gens étaient plus réticents, plus critiques.
Aujourd’hui, le parti des Verts allemand, Die Grünen, a une plus grande ampleur que les différents partis écologistes français. Et ceci participe à une grande volonté de transition énergétique, depuis plus de vingt ans.
Parcours professionnel et construction écologique
Lors de tes premiers chantiers, as-tu essayé de mettre en œuvre tes convictions écologistes ?
Au début, j’ai fait quelques démarches, pour m’orienter dans cette direction, mais je me suis rendu compte que c’était plus important d’acquérir d’abord de l’expérience en général, sans me spécialiser immédiatement.
Est-ce que certains chantiers t’ont marquée, en Allemagne ?
Oui, un chantier à Potsdam, notamment, en 1994, qui faisait partie du plus grand ensemble de style hollandais à l’extérieur des Pays-Bas. C’était une maison en brique rouge, construite pour les ouvriers hollandais au 18ème siècle ; sobre en décor, où subsistait même des charnières d’époque sur une porte en bois, travaillées à la main, en fer. Nous avons pu appliquer quelques principes écologiques sur ce projet ; le propriétaire était favorable à nos propositions. C’était une réhabilitation douce avec augmentation de la compacité par l’aménagement du grenier et l’implantation d’un chien-assis côté cour, pour préserver la façade classée sur rue. Les parois ont été isolées en ouate de cellulose, et par l’intérieur, bien évidemment, afin de conserver à l’identique la façade sur rue.
Qu’est ce qui te fait dire que vos choix étaient écologiques ?
La ouate de cellulose est un produit fabriqué à 85% de journaux recyclés.
Les plaques de parement coté intérieur étaient en composite appelé « fermacell® », gypse et cellulose, issue du recyclage du papier, et le produit lui même est à 100% recyclable, sans colles.
Si on compare la ouate avec un isolant communément utilisé, et très bon marché, la laine de verre, ce n’est pas anodin : il faut savoir que la laine a été reconnue cancérigène en Allemagne, et les industriels se sont vus contraints de changer la taille des fibres en 1999, pour éviter de les laisser passer dans les alvéoles des poumons lors de la respiration. Mais la taille de ces fibres n’est pas indiquée sur les emballages ; on ne connaît pas toujours la provenance du produit, et si les règles de production sont respectées.
Puis, nombreux sont ceux qui manipulent les anciennes laines minérales8, sans se soucier de rien, sans masque adapté. De plus, le processus industriel de production est très énergivore, et, même si c’est une manière de recycler du verre, le produit fini est riche en énergie grise.
Aviez-vous déjà des notions d’énergie grise, de bilan carbone ?
Non, ce sujet n’a pas été pris en considération pour le choix de l’isolant, par exemple. La ouate de cellulose et le fermacell® étaient d’abord des bons produits, moins nocifs que les autres. Nous n’avions pas accès à la réflexion sous-jacente, en termes de bilan carbone, d’énergie grise. La notion de construction écologique émergeait, en revanche, les améliorations thermiques étaient à l’ordre du jour dès qu’on entamait une rénovation.
L’Etat a commencé dès cette époque à stimuler cette démarche avec des subventions et des avantages fiscaux. A Potsdam, il s’agissait d’isoler le bâtiment par l’intérieur, combles y compris (épaisseur de 16 cm). Il fait plus froid en Allemagne qu’en France, cela a dû nous inciter à être précurseurs en la matière. Par exemple, même dans nos constructions traditionnelles, il est fréquent de trouver non pas un double vitrage, mais des doubles fenêtres : en été, on enlève la fenêtre intérieure. Cette pratique existait en Allemagne du nord, à Berlin, notamment, depuis le siècle dernier. D’ailleurs, je l’ai également retrouvée dans de vieux immeubles parisiens, bien que rarement.
Il me semble que nous devrions aborder ton parcours en France : quelles sont les raisons qui t’ont amenées ici ?
J’étais venue plusieurs fois à Paris, invitée par des amis, des français rencontrés à Berlin. Je n’avais pas vraiment l’intention de rester à Paris, ni même en France.
Lors de l’un de ces séjours, une agence d’architecture d’intérieur française m’a donné l’occasion de travailler sur un projet d’accompagnement de stands d’exposition à Berlin et à Vienne. Ensuite, les engagements se sont succédés et j’ai pu acquérir de l’expérience dans des domaines très divers, aussi bien en architecture qu’en architecture d’intérieur, et en management de grands projets. J’ai pu profiter de mes connaissances en langues, parce que je parle bien l’anglais, par exemple lors de mon passage chez OGER INTERNATIONAL, où j’ai travaillé pendant cinq ans.
En 2011, par le biais d’une amie, on m’a proposé d’accompagner la réhabilitation d’une ferme dans Le Loiret, qu’il fallait transformer en centre équestre. Or, je suis passionnée de chevaux, et d’équitation : c’était une occasion de marier mes centres d’intérêt personnels et professionnels.
Enthousiasmée, j’ai cherché une solution juridique pour répondre à cette offre, car je ne disposais d’aucune structure juridique dans laquelle inscrire mon activité : c’est ainsi que j’ai intégré Alter-Bâtir, qui me permettrait d’être indépendante dans le choix de mes contrats, sans avoir à me mettre à mon compte.
Aujourd’hui, à Alter-Bâtir9, comment fais-tu pour mettre en place des solutions d’écoconstruction ?
Je peux suggérer au besoin des solutions, en proposant des matériaux moins nocifs. En appliquant, également, les principes du bioclimatisme10, qui touchent plus particulièrement la conception : l’orientation des ouvertures, l’utilisation optimisée des sources de lumière et de chaleur naturelles. J’incite mes clients à éviter le recours à la technologie « high-tech », énergivore ; je déconseille les appareils électriques, comme ceux de climatisation. Je poursuis une logique de « low tech », plutôt que de « high tech », à moins que cette dernière n’aille dans le sens d’une réduction de la consommation d’énergie.
J’aimerais cité ici un architecte suisse qui a su bien formuler mon intention : que l’architecture est un « fabuleux outil pour protéger la planète, à petite ou grande échelle, dans une démarche réfléchie et cohérente. »(Peter Zumthor, « Penser l’architecture », Birkhäuser Verlag, 2008).
Qu’est ce qui t’intéresse le plus : les problématiques sociales, ou les problématiques écologiques ?
Les questions ayant trait à l’écologie m’interpellent plus, car je pense que l’urgence est grande. J’aimerais particulièrement évoquer les propositions de l’Association négaWatt11 ; j’ai suivi deux formations à Paris avec Olivier Sidler12, que je recommande vivement, d’autant que je l’ai trouvé particulièrement bon pédagogue. Négawatt préconise de réduire notre consommation, et nos besoins, en énergie, et vise, à terme, une production énergétique uniquement fondée sur les énergies renouvelables13.
La première formation d’Olivier Sidler traitait de la rénovation du bâti : il commence très large, avec les ressources mondiales en fuel, l’utilisation de l’énergie, la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Il fait un premier passage où l’on est assez secoué, choqué, par la prise de conscience qu’on n’en fait pas assez pour empêcher le dérèglement climatique.
Le sujet de l’autre formation était la conception de bâtiments à faible consommation d’énergie.
Je ne peux que recommander de rencontrer cet homme : c’est formidable comment il communique sur ce sujet ardu qu’il faille prendre conscience de réduire nos besoins en énergie.
Je trouve qu’il devrait passer tous les soirs, après le journal de 20h, dans un format où il donnerait une idée pour réduire sa consommation d’énergie. C’est quelqu’un qui a réellement un don pour transmettre ses idées, ses convictions. Enertech, son bureau d’études, qu’on trouve sur internet à l’adresse http://www.enertech.fr/, est une mine d’informations ! Il veut réellement partager son savoir, ses compétences14, comme le prouve sa « boîte à outils », très riche, à disposition des internautes. Olivier Sidler est convaincu, comme je le suis, que les changements de comportements, de consommations, tardent trop, et il le fait savoir.
Au début de tes études, tu disais t’intéresser aux maisons autonomes\à l’autarcie (« Il me semblait que l’autarcie était la solution écologiste par excellence. »)15 ; que voulais-tu dire par là ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que ça se traduit au niveau professionnel ?
C’est un sujet qui m’intéresse toujours, mais qu’il est difficile de mettre en œuvre de nos jours, notamment pour des raisons législatives, en France16, et ailleurs : d’une manière générale, les législations nationales contraignent les particuliers à se fournir auprès des grands prestataires d’énergie.
Cependant, beaucoup de produits, de solutions, sont développés pour atteindre cette autonomie au sein d’une habitation. Ainsi, à Boiscommuns, dans le département du Loiret, en Région Centre, se trouve Les Maisons Rouges, un lieu d’expérimentation des technologies en matière d’énergie renouvelable. Il s’agit de l’initiative d’un ingénieur en électricité, Giorgio Daniele, à l’origine de la SARL Rendez-vous : la Terre, bureau d’études, et également centre de formation, ainsi que d’aide à la mise en œuvre des technologies préconisées. Il a aménagé sa ferme, et la fait visiter au public17.
Nous abordons à présent la dernière partie de l’interview, dans laquelle je pose toujours la même série de questions.
Qu’est ce que pour toi un matériau sain ?
Un matériau sain est un matériau, qui, étant dans l’environnement proche de l’homme, ne produit pas d’inconfort, de nuisances.
En tant que baubiologue, je suis particulièrement attentive aux chambres, car c’est un lieu dans lequel nous sommes censés venir nous ressourcer, dans l’idéal au moins huit heures par jour ; je veille à ce qu’aucun matériau ne soit susceptible de gêner l’utilisateur, ou, mieux, à ce que certains matériaux, ou dispositions, favorisent un bon équilibre hygrométrique. Je suis convaincue que cela contribue à une meilleure relaxation, et que ces mesures sont, au final, bénéfiques pour la santé. Ainsi, je recommande pour la finition des plus grandes surfaces d’une pièce, les murs, d’appliquer un matériau qui contribue à l’équilibre hygrométrique, comme par exemple un enduit à l’argile. Sans le remarquer, nous dégageons beaucoup d’humidité pendant le sommeil. Puis, je recommande des meubles sans formaldéhydes18, des peintures à base de liants végétaux naturels, et des huiles naturelles pour la finition d’un parquet. Je veille à éviter les moisissures, témoins de l’humidité, les ponts thermiques : qu’il n’y ait pas de parois froides.
Qu’est ce que pour toi un produit sain ?
C’est un objet qui a subi une transformation, et qui, à l’état final, après avoir été produit, ne dégage aucune substance nocive ou allergisante. C’est également le résultat d’un processus d’élaboration industriel ou manufacturé sain.
Qu’est ce que pour toi un matériau écologique ?
Il faut tenir compte ici de toute la phase de production, y compris de celle des machines destinées à produire ce matériau. Par exemple, s’il s’agit de silice, tenir compte du processus de production des camions destinés à creuser la terre pour l’en extraire, puis le transporter. Production, transport, stockage, vente, installation, durée d’utilisation : tout cela compte dans l’évaluation de l’empreinte écologique d’un matériau, ou d’un produit, d’ailleurs. De plus, il faut qu’il corresponde aux critères d’un matériau sain.
Ensuite, il faut considérer la partie après usage\utilisation, i.e. ce qu’il advient du matériau en fin de vie : que se passe-t-il ? Peut-on le réutiliser ? Peut-on lui donner une nouvelle vie ? Ou, au contraire, est-il dégradable ?
La notion de matériau écologique est plus large pour moi que celle de matériau sain. De plus, c’est important que ce matériau ne vienne pas du bout du monde, que sa production soit le plus local possible.
Un produit écologique ?
Les matériaux écologiques sont des produits écologiques pour moi, un matériau de construction pouvant être brut, i.e. directement extrait de la nature, mais également élaboré.
Est ce qu’un produit écologique est nécessairement composé de matériaux écologiques ? Autrement dit, est ce qu’une maison écologique est nécessairement composée de matériaux écologiques ?
C’est difficile de trancher, selon moi. Une maison isolée en polystyrène est peut être économe en énergie, mais pas écologique, selon moi. A contrario, est-ce qu’une construction traditionnelle en brique, non isolée, l’est ?
Quelle est ta plus grande fierté, ou réussite, dans le cadre de ton activité professionnelle ?
C’est l’aménagement et la transformation d’une grande ferme laitière en centre équestre avec gîte, en Loiret, non loin de Montargis. Le maître d’ouvrage était une Société Civile Immobilière, composés de professionnels du monde du cheval.
Ils avaient l’idée de détruire les cinq bâtis existants et de construire à neuf, sur un des prés destinés à accueillir leurs chevaux.
Après notre première visite ensemble, ils ont revu leur opinion. Cependant, la très belle ferme, dans la tradition gâtinaise, laissée à l’abandon, était en mauvais état. Néanmoins, les structures porteuses étaient saines, les charpentes de toit bien conservées : il fût décidé de préserver les deux bâtiments principaux. Nous sommes intervenus à temps pour éviter une dégradation par l’humidité par les grands trous des toitures.
De plus, des éléments d’architecture écologique ont été insérés, comme la récupération des eaux de pluie, ou l’augmentation de la densité, i.e. augmentation de la surface utilisable, par l’aménagement des combles, notamment. Un système d’assainissement autonome, à base de sable, des eaux grise a été mis en place. Le sol des cours et des chemins, en calcaire compacté, est perméable aux eaux surfaciques.
La réhabilitation, partie intégrante de l’architecture écologique a été un succès : la grange a été aménagée en sellerie, et en club-house ; les hangars ont été transformés en manège et en boxes. Le manège a été implanté en tenant compte des vents dominants, de manière à protéger les chevaux, et les cavaliers. Pour le parking on a utilisé une grande dalle en béton qui existait déjà. Les tuiles existantes et en bon état ont été réemployées. Une petite extension, pour les toilettes des personnes à mobilité réduite, a été réalisée, mais sous une surface déjà couverte.
Quelle(s) difficulté(s) rencontres-tu dans le cadre de ton activité professionnelle ?
Les gens pensent trop à court terme. Changer les fenêtres, l’isolation, le mode de chauffage : les gens ne voient que le coût immédiat, ils ne veulent pas voir la rentabilité à plus long terme. Les coûts de l’électricité, du fuel, peuvent toujours augmenter, mais ce ne sont pas des valeurs sûrement prévisibles.
Le marché est bloqué par les grandes enseignes, notamment pour les isolants, et les gens renoncent à se poser des questions, quand ils voient les prix très compétitifs de la laine de verre, ou de la laine de roche. Les fournisseurs de matériaux plus naturels ne sont pas encore très présents sur le marché ; les entreprises du bâtiment qui savent les utiliser non plus. Le bon choix, celui du matériau le plus sain et le plus écologique, n’est donc pas facilité.
Quelle est ton implication dans d’autres réseaux de la vie culturelle ou associative ?
Je participe activement à Bâtir Sain, une association qui milite pour la construction écologique, dont je suis adhérente depuis 2012. Leurs cibles correspondent merveilleusement avec les miennes.
J’ai participé à l’organisation de visites de chantiers de projets écologiques à Paris et à Berlin, comme par exemple, la première école isolée en bottes de paille du département de Seine-Saint-Denis, à Montreuil. J’aime beaucoup découvrir et faire connaître des projets innovants et écologiques, afin d’examiner leur potentiel, et pour les rendre plus accessibles au plus grand nombre.
Interview réalisée le 15 avril 2014, par Bérengère
Alter-Bâtir est une coopérative d’activités et d’emploi, ou CAE. Voir la définition de Wikipedia à l’adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Coopérative_d’entrepreneurs, extrait : « Une coopérative d’entrepreneurs (on dit aussi Coopérative d’Activités ou Coopérative d’Activités et d’Emploi) est soit une SCOP – soit une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), soit une société coopérative à responsabilité limitée (SCRL) qui propose une alternative à la création d’entreprise classique à toute personne souhaitant se mettre à son compte pour vivre de son savoir-faire », ou, pour découvrir Alter-Bâtir, je vous recommande la lecture de l’interview de Régis Faguelin, gérant de la coopérative d’activités et d’emploi Alter-Bâtir, à l’adresse http://berengerebrochenin.net/dossiers/interview-de-regis-faguelin-gerant-de-la-cooperative-dactivites-et-demploi-alter-batir/.
« Enseignement des relations globales entre l’environnement aménagé et ses habitants. », source http://www.baubiologie.fr/, site de l’Institut français de Baubiologie et d’écologie. « La baubiologie /baʊbjɔlɔʒi/ (de l’allemand bau, construction, et du grec bios et logos) est un néologisme désignant une discipline universitaire d’origine allemande. Il s’agit d’un enseignement global pour la conception et la réalisation de bâtiments et d’aménagements écologiques et biologiques en mettant en œuvre les connaissances et techniques adéquates. Il s’agit d’un prédécesseur de l’écoconstruction. », source http://fr.wikipedia.org/wiki/Baubiologie « Le terme Baubiologie est d’origine allemande et a été introduit en 1969 en Allemagne par le Professeur Anton Schneider, le fondateur de l’Institut de Baubiologie et d’Ecologie de Neubeuern IBN. », source http://fr.ekopedia.org/Baubiologie. Adresse du site internet version internationale, en anglais, de l’IBN : http://www.baubiologie.de/international/institute/.
Mur de Berlin : « Ligne fortifiée édifiée en 1961 par la RDA pour isoler Berlin-Est de Berlin-Ouest et enrayer l’exode de ses citoyens. », source http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mur_de_Berlin/108518
« L’accident de Three Mile Island (TMI) a été très instructif et a permis de faire avancer la sûreté, en particulier de souligner l’importance de la « conduite par état »(…)Three Mile Island a conduit les États-Unis à abandonner la construction de nouvelles centrales, à la suite d’une décision prise par le président Jimmy Carter. », source http://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucléaire_de_Three_Mile_Island. Et : « De 1981 à 1984, 51 projets de construction de réacteurs nucléaires furent annulés aux États-Unis, dont une bonne partie provenant de Babcock and Wilcox, l’entreprise qui avait fabriqué celui de Three Mile Island.(…)Les États-Unis sont aujourd’hui le premier pays au monde en nombre de réacteurs nucléaires actifs (104 réacteurs en 2005) », source http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nucléaire_des_Etats-Unis « Si les dernières centrales nucléaires américaines sont entrées en service en 1996, la NRC, [l’autorité de la sûreté nucléaire américaine, NDLR], n’avait pas attribué de licence depuis 1978, l’année précédant l’accident de Three Mile Island en Pennsylvanie, où un réacteur nucléaire avait partiellement fondu », édition en ligne du Figaro du 9 février 2012, voir http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/02/09/20002-20120209ARTFIG00752-usa-une-premiere-centrale-nucleaire-en-trente-ans.php
« Le terme « écologie » fut créé en 1866 par le biologiste et naturaliste allemand Ernst Haeckel (1834-1919). », source http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/%C3%A9cologie/45580. « Si l’écologisme français semble aujourd’hui [1993] mieux « réussir » que son voisin allemand, il n’en a pas toujours été ainsi. L' »écologie électorale » est plus précoce en France (1973) qu’en Allemagne. Pourtant à la différence des Grünen[les Verts allemands, NDLR], elle a tardé à recueillir les fruits de son engagement et à pénétrer dans les assemblées », source http://www.icps.cat/archivos/WorkingPapers/WP_I_78.pdf, document datant de 1993. « L’écologie politique naît en France mais s’épanouit et prend racine très vite et plus facilement en Allemagne. », source http://www.dialogue-avenir.eu/fileadmin/user_upload/pdfs/PB_2011_brindel_Haarmann.pdf, document de 2011
Par exemple, la mobilisation contre l’ouverture de la centrale nucléaire de Brokdorf, en 1981, réunit 100 000 personnes ; voir http://www.arte.tv/fr/courant-alternatif/2616674,CmC=2602300.html, ou http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/11/09/le-mouvement-anti-nucleaire-une-histoire-allemande_1437846_3214.html
« Dès l’après-guerre, et bien avant le choc pétrolier décisif, la stratégie de De Gaulle pour la France passait par le nucléaire. », source http://www.slate.fr/story/36491/france-nucleaire-nucleocrate ; « 6 mars 1974 : Lancement d’un vaste programme électronucléaire de construction de 13 tranches de 900 MW[c’est la puissance de chacune des treize centrales, NDLR], connu sous le nom de “plan Messmer”, du nom du Premier ministre Pierre Messmer. », source http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-nucleaire/chronologie/
Les laines minérales comprennent les laines de verre et les laines de roche, deux isolants industriels, NDLR.
Pour une présentation d’Alter-Bâtir, voir l’interview de son fondateur, Régis Faguelin, à l’adresse http://berengerebrochenin.net/dossiers/interview-de-regis-faguelin-gerant-de-la-cooperative-dactivites-et-demploi-alter-batir/
« La conception bioclimatique consiste à profiter au maximum de l’environnement direct de l’habitat pour le confort des habitants : en hiver se protéger du froid et garder la fraîcheur l’été. », source http://www.alec-grenoble.org/5955-le-bioclimatisme.htm ; ou : « Le bioclimatisme est la manière de concevoir un bâtiment en tirant au mieux partie de l’environnement pour améliorer le confort intérieur. », source http://fr.ekopedia.org/Bioclimatisme
« “Produire des négaWatts” c’est donc rompre avec nos (mauvaises) habitudes en préférant la sobriété énergétique au gaspillage. C’est rechercher la meilleure utilisation possible de l’énergie, plutôt que de continuer d’en consommer toujours plus. (…)Due à Amory LOWINS, fondateur du Rocky Mountain Institute, cette notion de « production de négawatt » est une conception analogue à la production de kiloWatt électrique.», source http://www.negawatt.org/la-demarche-negawatt-p33.html#notes_bas_pages . « A negawatt is in essence a negative megawatt, in that it is a megawatt of power that was not required to be produced or expended. In other words, it is a unit of energy saved that would have otherwise not only been made but also used. Perhaps the simplest way to define it is that a negawatt is a measure of energy efficiency. When less power is consumed, the demand for energy decreases.», source http://www.wisegeek.com/what-is-a-negawatt.htm . Lire également les dix propositions de l’association Négawatt, téléchargeables sur le site de l’association à l’adresse : http://www.negawatt.org/telechargement/MnW//10_Mesures_Manifeste-nW.pdf
« Loin du « retour à la bougie ou à la lampe à pétrole », cette démarche vise à faire la chasse aux watts inutiles grâce à une utilisation plus efficace de l’énergie, et à recourir judicieusement aux énergies renouvelables.(…)Une fois les gaspillages énergétiques éliminés, et l’efficacité énergétique renforcée, une production d’énergie uniquement réalisée à partir de sources renouvelables peut s’envisager. Sobriété, efficacité, énergies renouvelables, c’est le fondement de la démarche négaWatt ! », source http://www.negawatt.org/la-demarche-negawatt-p33.html
Autarcie : « Au fig. Tout système autonome. », source Le Trésor de la Langue Française
« Combiné au phénol (pour fabriquer des phénoplastes), à l’urée ou à la mélamine (fabrication d’aminoplastes), le méthanal forme des résines thermodurcissables. Ces résines sont souvent utilisées dans les colles permanentes, comme celles utilisées dans la fabrication d’agglomérés, de contreplaqués, de la laine de verre, de tapis, ou bien pour former des mousses synthétiques. », source http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thanal
No comments yet.